Durée d’utilisation des vaches laitières suisses

Dans le premier module du projet, les facteurs influençant la durée d’utilisation des vaches laitières sont analysés à partir des données des herdbooks et de la production laitière des 30 dernières années. Les données proviennent des associations suisses d’élevage de bovins laitiers Braunvieh Suisse, swissherdbook et Holstein Switzerland.

Au total, les données du herdbook de 2,6 millions de vaches ont été évaluées pour la période 1999 – 2019. Cette analyse a permis de tirer les conclusions suivantes:

• En moyenne, la durée d’utilisation (ou durée de vie productive) annuelle, toutes races confondues, se situe entre 3,0 et 3,8 lactations, ce qui est inférieur au potentiel d’augmentation de la production laitière biologiquement observée (augmentation de la production laitière jusqu’à la 5ème lactation).
• Une bonne santé de la mamelle (évaluation du nombre de cellules) et une bonne fertilité (évaluation de l’intervalle vêlage) sont essentielles pour une longue durée d’utilisation.
• Les vaches à longue durée de vie ont souvent une performance de départ plus faible de la production laitière, mais se distinguent par une production laitière par jour de vie élevée.

Dans une deuxième étape, les facteurs influençant la durée d’utilisation des vaches laitières sont analysés à partir d’une sélection d’exploitations représentatives. Sur la base des données de 16 000 exploitations herdbook, 150 exploitations représentatives sont identifiées et étudiées. Trente de ces fermes seront en outre visitées sur place.

La question centrale de ce module était de savoir dans quelle mesure les exploitations avec une durée d’utili-sation particulièrement longue (5,3 lactations en moyenne) se distinguent des exploitations avec une durée d’utilisation plus courte (3,1 lactations en moyenne). La comparaison des exploitations a montré que les exploitations avec une longue durée d’utilisation :

• possèdent plus souvent des systèmes de stabulation libre que des étables à stabulation entravée ;
• utilisent des logettes plus spacieuses avec un matelas chaux-paille ou paille-fumier ;
• donnent toute l’année une alimentation moins riche en protéines, ce qui est associé à une moindre charge métabolique du foie par l’ammoniac;
• misent sur l’utilisation de races à viande afin de réduire le taux de remonte

Dans ce module, le point de vue des producteurs de lait et de viande bovine est questionné sur la durée d’utilisation des vaches laitières. À cette fin, plusieurs entretiens, ainsi que deux ateliers, seront menés avec des experts, des représentants de branche et des agriculteurs.

Les premières conclusions montrent que :

• tous les acteurs au niveau du système considèrent que l’allongement de la durée d’utilisation est souhaitable ;
• les changements de pratique représentent toutefois un défi ;
• un mélange de mesures, qu’elles soient volontaires ou réglementaires, semble être le plus efficace.

Sur la base des données des modules 1 à 3, nous ferons une estimation des effets d’une augmentation de la durée d’utilisation des vaches laitières sur la production de lait et de viande bovine. De plus, une analyse des conséquences pour le marché du lait et de la viande est effectuée.

Les résultats de ce module ne sont pas encore disponibles. Les premiers résultats seront communiqués lors des ateliers de février. La participation est gratuite (inscription ici).

En complément au module 4, nous ferons une modélisation des effets d’une durée d’utilisation accrue sur l’efficacité des ressources, la durabilité écologique et économique de la production suisse de lait et de viande bovine.

Les résultats de ce module ne sont pas encore disponibles. Les premiers résultats seront communiqués lors des ateliers de février. La participation est gratuite (inscription ici).

Dans le cadre d’un échange soutenu entre les chercheurs, les experts, les agriculteurs et les représentants de l’industrie et des autorités, des stratégies pratiques durables et pertinentes seront élaborées à plusieurs reprises pour améliorer la durée d’utilisation. À cette fin, des ateliers d’une journée seront organisés pendant 3 ans (2021, 2022 et 2024) sur 4 sites (Grangeneuve, Landquart, Lindau et Zollikofen), où les résultats seront présentés et discutés. Au cours des premiers trimestres de 2022 et 2023, des groupes de travail sur le thème de la durée d’utilisation seront également organisés et tenus pour les agriculteurs des 15 régions afin de discuter plus en profondeur les stratégies développées lors des ateliers, et de tester leur faisabilité dans le cadre d’une application pratique. La stratégie sera finalisée lors d’une réunion de clôture à la fin 2024 (module 7).

Dans le cadre du projet, des échanges actifs ont déjà eu lieu avec les agriculteurs et les représentants de diverses organisations :

• En 2021 et 2022, quatre ateliers ont été organisés pour informer sur le projet et sur les résultats obtenus.
• Un cours en ligne supplémentaire a été en outre organisé deux soirs de suite.
• En 2022, sept groupes d’intérêt ont été lancés avec plus de 30 exploitations participantes et ces groupes ont perduré en 2023.
• À la fin de l’été 2023, une enquête en ligne a été menée afin de recueillir d’autres expériences du terrain et d’étayer davantage les connaissances acquises jusqu’à présent, pour pouvoir finalement développer des stratégies adaptées au terrain en vue de prolonger la durée d’utilisation.
• En février 2024 aura lieu la troisième série d’ateliers, axés sur l’économie et l’écologie d’entreprise. La participation est gratuite (inscription ici).

Les échanges avec les agriculteurs dans les groupes de travail ont mis en évidence que :

• les problèmes de fertilité et de santé de la mamelle sont les deux causes de réforme les plus fréquentes dans les exploitations laitières suisses, ce qui concorde avec les conclusions du module 1 ;
• des animaux peu productifs, mais aussi ceux avec un tempérament nerveux, et ceux qui ne sont pas adaptés à la stratégie de l’exploitation, le prix élevé du bétail de boucherie et un nombre de remontes important sont d’autres causes de réforme ;
• les animaux fonctionnels, calmes et sans problèmes, qui s’intègrent à la stratégie de l’exploitation, sont élevés en priorité.

Une enquête en ligne a été menée durant l’été 2023. 65 % des des participants et participantes au sondage étaient des agriculteurs et agricultrices et 35 % des personnes travaillant dans la filière laitière (y compris des agriculteurs et agricultrices en activité). Voici quelques-uns des résultats:

• Les personnes interrogées considèrent qu’une durée d’utilisation optimale devrait être supérieure à six lactations en moyenne.
• La durée d’utilisation joue un rôle important à la fois sur l’exploitation et sur la rentabilité de l’exploitation (en moyenne 7,8 et 7,7 points sur 10) et est considérée comme tout aussi importante pour la durabilité de l’agriculture suisse (en moyenne 7 points sur 10).
• Les personnes interrogées associent une longue durée d’utilisation à une bonne gestion du troupeau (81 %) et de l’exploitation (73 %) ainsi qu’à des bénéfices économiques (63 %). Seul un cinquième environ des participants et participantes associe une réduction de l’empreinte écologique à une longue durée d’utilisation, bien que l’allongement de la durée d’utilisation permette de répartir les émissions et la consommation de ressources pour l’élevage sur une période productive plus longue. Une sensibilité accrue des animaux aux maladies en cas de durée d’utilisation prolongée préoccupe environ 14 % des personnes interrogées.
• Les résultats de l’enquête confirment les conclusions tirées précédemment sur les raisons des réformes des vaches laitières dans les exploitations suisses. Les principales causes identifiées sont la mauvaise santé des animaux, la fertilité et les problèmes de l’appareil locomoteur. Elles constituent donc des points de départ importants pour prolonger la durée d’utilisation. Enfin, la demande en vaches de boucherie et donc les prix du bétail de boucherie influencent également la durée d’utilisation.