Portraits
- Auteur de l’article De Till Graf (ETH), Orlando Scholz (AGRIDEA), Magali Lacam (AGRIDEA), Florian Peyer (AGRIDEA)
- Date de l’article 06.10.2025
Table des matières
Quartierhof Wynegg

Fondation: 1997
Forme juridique : association
Membres :
- 600 adhésions (personnes individuelles et familles)
- Environ 1000 personnes au total
- Dont 100 à 200 actives régulièrement sur la ferme
- Le reste sont des membres passifs de soutien
Surface : 5.5 ha
Branches d’exploitation :
- Arboriculture, y compris transformation des fruits
- Maraîchage
- Élevage : porcs laineux, lapins, moutons, chevaux, poneys, poules
- Projets de protection de la nature
- Engagement social : repas de midi, grillades dominicales, fêtes de quartier
Contact : quartierhof-wynegg.ch
Création et Organisation
L’association « Quartierhof Wynegg » a été fondée au printemps 1997, lorsque la possibilité de reprendre l’exploitation s’est présentée. L’initiative est venue de personnes engagées, déjà actives dans d’autres organisations locales telles que des associations de protection de la nature ou de quartier. L’objectif était de préserver la ferme, y compris les 4,7 hectares de terres, de la gérer de manière écologique et socialement durable, et de la maintenir comme espace de vie et de rencontre pour les humains et les animaux.
Suite au départ à la retraite du précédent exploitant, il existait une crainte que le canton de Zurich, propriétaire de l’exploitation, ne la dissolve et ne construise sur la parcelle. Cela a pu être évité avec succès grâce à la location des bâtiments agricoles par l’association porteuse et à la gestion des terres par celle-ci. En 2016, la Ville de Zurich a racheté les bâtiments et la parcelle au canton, mais continue à les louer à l’association.
Outre les membres actifs de l’association, un employé agricole est responsable de l’exploitation. Il est engagé à 70 % par l’association.
Forme juridique
Comme l’exploitation ne dépendait pas des paiements directs et qu’aucun achat de la ferme n’était prévu, la forme juridique de l’association s’est révélée être une structure adaptée. Elle permettait à de nombreuses personnes intéressées de participer et correspondait à l’expérience des initiateur·rices, déjà familiers du travail associatif. Dès le début, un large consensus s’est dégagé sur le fait qu’une association était la forme la plus appropriée pour le projet, notamment parce que l’adhésion et la sortie sont simples à organiser.
Comme l’exploitation n’appartient pas à des personnes physiques mais à l’association, il n’y a pas de transmission classique de la ferme. Des personnes intéressées peuvent s’engager facilement en devenant membres de l’association. Cette structure offre des opportunités particulièrement intéressantes pour les jeunes citadin·es souhaitant acquérir une expérience pratique dans l’élevage, la culture de légumes ou de fruits, ou la transformation des produits.
Entrées et sorties de membres
Les modalités d’adhésion et de sortie sont clairement définies dans les statuts. L’adhésion à l’association porteuse « Quartierhof Wynegg » est ouverte aux personnes physiques comme aux organisations, à condition qu’elles soutiennent les objectifs de l’association. L’adhésion est possible à tout moment via une demande à adresser au comité par le biais du site web. Le comité décide de l’admission. Il est possible d’adhérer en tant qu’individu ou en tant que famille. Une cotisation annuelle est due.
L’adhésion prend fin par démission, exclusion, décès ou, dans le cas de personnes morales, par dissolution. Une démission est possible à tout moment, mais les cotisations déjà versées ne sont pas remboursées.
Dissolution
Les statuts de l’association prévoient des règles claires en cas de dissolution. Celle-ci nécessite une majorité des deux tiers lors de l’assemblée générale. Comme la ferme n’est pas la propriété de l’association, la question de l’utilisation future de l’exploitation ne se pose pas dans ce cas. Si un actif reste après le règlement de toutes les dettes, il ne peut pas être distribué aux membres. Il doit être transféré à une organisation exonérée d’impôts, poursuivant des objectifs similaires et ayant son siège à Zurich.
Prise de décision
L’assemblée générale constitue l’organe suprême de l’association et se tient une fois par an. Elle permet de discuter des questions stratégiques fondamentales et d’approuver notamment le budget. Les décisions sont prises à la majorité simple, chaque adhésion disposant d’une voix.
Une grande partie du travail agricole est assurée par des groupes de travail thématiques, dans lesquels les membres actifs participent à la gestion quotidienne de la ferme. Ces groupes jouent un rôle essentiel dans l’organisation et soumettent leurs propositions au comité, qui se réunit généralement une fois par mois. Le comité examine les propositions et décide de leur mise en œuvre.
Malgré l’orientation autogestionnaire de l’association, le comité joue un rôle central dans les questions stratégiques. Au quotidien, de nombreuses tâches opérationnelles sont réglées de manière directe et pragmatique. Toute personne souhaitant mettre en œuvre une idée peut s’adresser à l’employé agricole, qui fournit des conseils et cherche des solutions.

© Quartierhof Wynegg

© Quartierhof Wynegg

© Quartierhof Wynegg

© Quartierhof Wynegg

© Quartierhof Wynegg

© Quartierhof Wynegg
Bruderholzhof

Fondation : Bail depuis avril 2025
Forme juridique : Sàrl
Membres :
- 5 personnes à la direction / associé·es 2 employé·es à temps partiel
Surface: 32 ha
Branches d’exploitation :
- Élevage : 25 vaches laitières, 15 poulets, 5-25 porcs, 30 oies de pâturage, 2 chevaux, 4 ruches
- Grandes cultures : différentes céréales, pommes de terre, fèves, maïs, soja, tournesol, engrais verts
- Maraîchage
- Transformation : farine, produits laitiers
- Vente directe
Contact : bruderholzhof.ch
Origine et organisation
Le Bruderholzhof est une ferme située en périphérie de Bâle, exploitée selon les principes de l’agriculture biologique (en conversion vers la biodynamie). Depuis avril 2025, elle est gérée par la direction de la Bruderholzhof Sàrl, composée de cinq jeunes personnes : Laura Ineichen, Manuel Kaufmann, Sämy Zehnder, Isidor Steinemann et Flora Wittkopf. Le collectif est soutenu par plusieurs employé·es à temps partiel et des civilistes.
La forme actuelle d’organisation est étroitement liée à l’histoire de la ferme et au changement de génération au sein de la famille Ineichen. Pendant des décennies, la ferme a été exploitée par les parents de Laura. En 2013, la famille a pu acheter la ferme qu’elle louait jusque-là. En 2025, les parents sont partis à la retraite, ce qui a ouvert la voie à une transmission générationnelle.
Laura, agricultrice de formation, et son compagnon Manuel, également agriculteur diplômé, avaient déjà travaillé sur la ferme familiale après leur apprentissage et y avaient développé un projet de maraîchage intégré à la vente directe existante. Isidor et Sämy étaient eux aussi employés sur la ferme. À l’approche de la transmission, il est apparu que le groupe souhaitait reprendre ensemble l’exploitation afin de préserver et développer les différentes branches d’activité. Partageant une vision commune de l’agriculture, ils ont jugé pertinent de gérer collectivement la ferme. Flora, la compagne d’Isidor, a complété le collectif de cinq personnes, qui a décidé de fonder une Sàrl. Cette structure permet de répartir équitablement la responsabilité financière et organisationnelle, au lieu de la faire reposer uniquement sur Laura et Manuel. Chaque membre est responsable d’un domaine spécifique, tout en s’entraidant pour certaines tâches, comme la traite, assurée à tour de rôle par trois personnes.
« Nous sommes convaincus que les structures collectives favorisent la diversité des fermes et que l’agriculture bénéficierait grandement de la participation de plusieurs personnes aux processus décisionnels », explique Isidor. Dans d’autres secteurs, il est courant que plusieurs personnes dirigent une entreprise ou siègent au conseil d’administration.
Pour plus de flexibilité et afin de tester le projet, un contrat de bail a d’abord été conclu entre les parents de Laura et la Sàrl. Ce bail court sur neuf ans, après quoi la situation sera réévaluée. Il n’est pas encore décidé si la Sàrl rachètera la ferme, poursuivra le bail ou si le frère cadet de Laura manifestera un intérêt pour la reprise. Pour l’instant, le groupe souhaite simplement « faire de l’agriculture », en laissant les aspects organisationnels et financiers évoluer avec le temps.
Ainsi est né le collectif actuel, qui gère la ferme de manière autonome depuis 2025. La collaboration repose sur des valeurs partagées, une prise de décision collective et l’objectif de développer une ferme diversifiée, socialement ancrée et durable. Depuis la reprise, l’exploitation est en conversion vers l’agriculture biodynamique.
Forme juridique
Afin de ne pas perdre le droit aux paiements directs, le collectif a renoncé aux formes juridiques d’association ou de coopérative. De plus, il n’était pas certain que les autorités cantonales accepteraient un contrat de bail avec une telle structure. Restait donc le choix entre une société de personnes (société simple ou en nom collectif), une Sàrl ou une SA.
Le groupe a opté pour la Sàrl, estimant qu’elle reflétait le mieux le caractère d’une PME agricole. Le Code des obligations (CO) encadre de nombreux aspects, contrairement à la société de personnes. La SA, selon Isidor, semblait plus abstraite. Même si le choix entre SA et Sàrl n’aurait sans doute pas changé grand-chose, la Sàrl leur a paru plus cohérente. Cette forme juridique correspond à l’idée d’une exploitation collective, durable et évolutive, permettant à des personnes de sortir ou d’entrer dans la direction.
Comme les biens du fermier locataire appartiennent à la Sàrl, un changement de personnes n’implique pas de modification du contrat de bail, qui reste conclu entre les parents de Laura et la Sàrl. La Sàrl permet aussi une répartition équitable des responsabilités, des droits de décision et des obligations entre les membres du collectif.
Pour que la Sàrl agricole puisse percevoir des paiements directs, 75 % de ses parts doivent être détenues par des personnes éligibles. Ainsi, les agriculteurs diplômés Manuel, Isidor et Laura détiennent chacun 25 % des parts. Sämy et Flora, actuellement non éligibles, détiennent chacun 12,5 %. Le capital social s’élève à 100 000 CHF, réparti en 40 parts de 2 500 CHF.
Entrées et sorties de membres
Les statuts de la Sàrl ne prévoient pas de dispositions spécifiques concernant l’entrée ou la sortie des membres du collectif. Un seul article stipule que tout transfert interne de parts sociales, ainsi que toute entrée ou sortie d’associé·e, doit être signalé au service cantonal compétent pour les paiements directs.
Le groupe est uni par la volonté de mener à bien les neuf années de bail. Ce qui adviendra ensuite reste ouvert. Les relations entre membres reposent sur la confiance et des valeurs communes, ce qui explique le recours limité aux statuts et la préférence pour les dispositions du CO. En l’absence de règles spécifiques, ce sont donc les articles 785 à 790 et 822 à 825 du CO qui s’appliquent.
Comme les actifs de la Sàrl se limitent aux biens mobiliers (inventaire vivant et mort), tandis que les bâtiments et les terres appartiennent toujours aux parents de Laura, il n’y a pas de barrière financière majeure à l’achat ou à la vente de parts sociales. Pour maintenir cette accessibilité, le collectif souhaite continuer à faire appel à des capitaux externes, afin d’éviter une augmentation excessive de la valeur des parts, qui pourrait rendre l’entrée de nouveaux membres plus difficile.
Dissolution
Les statuts de la Sàrl ne contiennent pas de dispositions spécifiques concernant la dissolution. Ce sont donc les articles 821 (dissolution) et 826 (liquidation) du Code des obligations qui s’appliquent.
Prise de décision
Les questions stratégiques fondamentales sont décidées par le groupe de direction de l’exploitation, composé de cinq personnes, selon le principe du consentement, où chacun·e participe à égalité au processus décisionnel (voir Prise de décision). Cette méthode permet de trouver des solutions solides sans qu’il soit nécessaire de passer par un vote majoritaire qui pourrait désavantager certain·es.
Les différentes branches de l’exploitation sont réparties entre les membres du collectif, qui en assument la responsabilité principale. Manuel est responsable du maraîchage, Laura de l’élevage laitier, Isidor des grandes cultures, Flora de la transformation du lait et Sämy de la transformation des céréales ainsi que de l’atelier (entretien et organisation). Dans ces domaines, les personnes responsables agissent de manière largement autonome, notamment pour les décisions opérationnelles à court terme et les tâches quotidiennes. Les questions stratégiques importantes sont en revanche discutées collectivement.
Une réunion hebdomadaire de la direction a lieu chaque semaine. Elle permet de planifier les activités, de traiter les demandes externes et de coordonner les nombreuses personnes bénévoles ainsi que les employé·es à temps partiel. Cette coordination régulière constitue l’épine dorsale de la collaboration collective et permet de trouver des solutions rapides et pragmatiques au quotidien. En principe, ces réunions devraient aussi servir à discuter de questions conceptuelles et stratégiques. Jusqu’à présent, cela a rarement été possible, car les affaires courantes occupent la majeure partie du temps de réunion.
Malgré des responsabilités clairement définies, le travail à la ferme repose fortement sur l’entraide mutuelle : certaines tâches comme la traite ou les services du week-end sont organisées collectivement et assurées à tour de rôle. Cela permet à l’exploitation de rester flexible, résiliente et portée par une dynamique communautaire.

© Bruderholzhof

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Image de titre : AGRIDEA
Images en portrait : Quartierhof Wynegg ; Bruderholzhof
Rédaction :
- Till Graf